Quelques raisons de souhaiter une candidature de Nicolas Sarkozy

Publié le par A.N.A.N.S. 29

Rarement, peut-être jamais, un Président de la République n’aura subi autant de reproches à propos de tout et de rien.

 
Parmi ceux qui lui sont quotidiennement adressés par une gauche qui a perdu la mémoire, il y a l’augmentation de la dette et celle du chômage, que l’opinion doit entendre comme des dérives inconnues avant la présidence de Nicolas Sarkozy. Il me semble donc utile de rafraîchir les mémoires en rappelant quelques chiffres. Lorsque François Mitterrand a succédé à Giscard d’Estaing, il a hérité d’une dette équivalente à 21% du P.I.B.. Au cours de ses deux septennats, il l’a multipliée par 6, Jacques Chirac, dans le temps de son septennat et de son quinquennat, ne l’a pas multiplié tout à fait par 2. La différence est considérable, par 6 en 14 ans, par moins de 2 en 12 ans.

 

En ce qui concerne le taux de chômage, il était de 6,5% lorsque François Mitterrand a été élu, il était de 11% à la fin de ses deux septennats. La période qui va de 1997 à 2002, au cours de laquelle Lionel Jospin était Premier Ministre, a vu le chômage plafonner à 12% en 1997, 1998 et 1999, puis redescendre à 9% en 2002. Après être remonté à un peu plus de 10% en 2005, il est descendu à un peu plus de 7% en 2008.  Cf. courbe bleu.

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Si l’on retient que la  gauche a bénéficié des deux seules périodes de croissance des trente dernières années, sous les mandats de Michel Rocard et de Lionel Jospin, il faut reconnaître que, avec une croissance très faible et les conséquences des toutes premières années d’une crise que le monde n’avait jamais connue, la droite a fait mieux, notamment Nicolas Sarkozy, qui a ramené le taux de chômage à un peu plus de 7% en 2008. Sur ces deux aspects déterminants de la gestion de l’Etat, incontestablement, la droite a fait mieux que la gauche.

 

Il me paraît important de traiter objectivement la promesse d’augmentation du pouvoir d’achat qui n’aurait pas été tenue. Il y a eu la crise, elle est encore là et le sera demain et après-demain, qui est venue contrarier la réalisation de cette promesse. De toute manière, il faut avoir l’honnêteté de le dire, le poids de la dette révélé par la crise, pour nous comme pour la plupart des pays occidentaux, devenait tel que crise ou pas, la vie qui sera désormais la nôtre sera différente de celle que nous avons vécue.

 

Nos pays ont voulu vivre comme s’ils étaient encore les seuls à fournir des produits manufacturés au reste du Monde, ce n’est plus le cas. Dans ces conditions, le seul maintien du pouvoir d’achat apparaît déjà comme une gageure. Si tous les Etats occidentaux souffrent de la crise, nous avons sans doute été parmi les plus insouciants en allant à contre courant de ce qu’il convenait de faire, retraite à 60 ans, 35 heures, marché du travail rigide, principe de précaution.

 

De plus, en évaluant le déficit budgétaire et le poids de la dette en pourcentage du P.I.B., l’Europe en a dissimulé la véritable réalité. En effet, 3% paraissent peu.  Sauf que rapportés au P.I.B. ils représentent 60 milliards, et que, rapportés au budget, il ne s’agit plus d’un déficit de financement de 3% mais de 26%.

L’Etat dépense 290 milliards et 47 milliards de charges de la dette pour 201 milliards de recettes. De même, un endettement évalué à 60% du P.I.B., soit pour ce qui nous concerne près de 1.200 milliards, demeure considérable, d’autant plus qu’il ne contribue essentiellement qu’à financer les dépenses courantes. Imaginez une entreprise, un ménage qui dépenseraient chaque année 26% de plus qu’ils n’ont de recettes qui, chaque année, emprunteraient ne serait-ce que 60% de ses revenus, actuellement 85,3% desdits revenus.  La dette est devenue le crédit revolving que dénoncent les associations de consommateurs, on rembourse les intérêts et une part infime du capital, le plus souvent l’inverse. Elle est considérée comme une ressource au même titre que la fiscalité. Il n’en reste pas moins que, chez nous, dans les années Sarkozy, non seulement les salaires n’ont pas été réduits comme dans quelques pays voisins, qu’ils n’ont pas davantage été bloqués, qu’ils ont même progressé, légèrement, pour partie à crédit, hélas ! et que le pouvoir d’achat a donc augmenté. Puisqu’il faut toujours comparer, comparons : en Allemagne, le salaire d’un ouvrier n’a progressé que de 5 euros par mois en 10 ans. Je ne m’en réjouis pas. Je constate que les Allemands ont fait cet effort et consenti beaucoup d’autres, ce qui leur permet de mieux s’en sortir. J’ajouterais, comme l’a confirmé l’O.C.D.E., que nos dispositifs sociaux ont fait que, chez nous, les inégalités ne se sont pas creusées alors qu’elles l’ont fait ailleurs.

 

De même, lorsque la gauche prétend toujours au monopole du cœur, il est utile de rappeler que c’est à partir du premier septennat de François Mitterrand que les plus values se sont dirigées plus fortement vers le capital au détriment du salariat. Le fait qu’il en ait été ainsi dans la plupart des pays développés, n’excuse pas la gauche de s’en être accommodée.

 

François Hollande et la gauche présentent la réforme fiscale qu’ils envisagent comme devant être la pierre philosophale qui transmuera nos déficits en excédents. Il faut une réforme pour simplifier notre système fiscal et alléger les charges de gestion qu’il impose. Le mythe des plus riches, qui fait partie de notre folklore, va être mis en avant, autrefois les Deux Cents Familles, naguère la Haute Banque, le Comité des Forges, aujourd’hui les actionnaires, une réalité qui n’est toutefois pas celle qu’on croit. Cela ne me gène pas que les plus riches paient davantage, voire beaucoup plus. Mais il ne faut pas rêver à propos du rendement de la fiscalité, elle est déjà globalement lourde, une augmentation de 10% de l’impôt sur le revenu ne rapporterait que 6 milliards. En ce qui concerne nos entreprises, il faut tenir compte de ce que leurs profits après impôts, sont passés de 8% à 5% dans le même temps qu’ils passaient de 8% à 10% en Allemagne. Quant à la TVA, si nous la faisions passer de 19,6% à 21%, elle ne produirait qu’un supplément de recettes de 5 milliards. Il n’y a donc pas de miracle à espérer du côté de la fiscalité. En revanche, il y en a du côté des économies. Cependant, pour éviter tout emballement excessif, il faut mettre côte à côte les possibilités de la fiscalité, peut-être 20 milliards, en y ajoutant les « niches » (autre source intarissable pour la gauche),  la dette, 1.689 milliards, et la charge annuelle qu’elle impose, 48 milliards.

 

Sur le caractère et les capacités à faire face à une crise quelle qu’elle soit, les sondages donnent nettement l’avantage à Nicolas Sarkozy sur son principal rival. Ce qui précède témoigne que la droite et Nicolas Sarkozy ont fait mieux ou beaucoup moins mal que la gauche.

 

Les pays occidentaux sont confrontés à un problème qu’ils n’avaient jamais connu : une croissance faible, qui dure et menace de se prolonger, jointe au poids d’un grand nombre de retraités et d’une population qui vieillit, accrochée à ses acquis sociaux qui, par la force des choses, devront être attribués en fonction des revenus de leurs bénéficiaires.

C’est un problème structurel, démographique et de répartition de la richesse dans le monde et des moyens dans nos pays, qui n’a rien à voir avec les idéologies qu’elles soient de droite ou de gauche ou des extrêmes des deux bords.

 

Face à ces difficultés, voire à ces menaces, mon choix ne sera pas stupidement influencé par une soirée au Fouquet’s ou un bref séjour sur le yacht de Vincent Bolloré. A ce propos on a dénoncé le « fric ». Sacré Nicolas ! Il aurait dû faire attention lui qui n’aime ni les dîners, ni les réceptions, ni les mondanités, lui qui ne mange que des pizzas et ne boit que de l’eau, il aurait pu ruiner la réputation du Fouquet’s. François Mitterrand était beaucoup plus prudent vis-à-vis de l’argent, l’argent qui corrompt, disait-il. Pour éviter de l’être, corrompu, il n’avait jamais un centime en poche. Il choisissait l’établissement qui lui plaisait, la Brasserie Lipp, sans doute aussi le Fouquet’s, une bonne librairie, un bon bouquiniste et laissait ses amis régler l’addition, parfois la République a dû faire les frais de dépenses qui n’avaient rien à voir avec le fonctionnement de l’Etat. Manière très payante, on le voit, d’exprimer sa détestation du « fric ».

 

Par René Cadiou

Responsable ANANS29, Quimperlé.

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