Un catclysme financier à dimension européenne

Publié le par A.N.A.N.S. 29

Depuis la baisse d’un cran de notre notation par Standards and Poor’s, en raison, peut-être, de ce triple A maintenu par Fitch et Moody’s, la France a placé deux émissions de valeurs sur le marché, à des taux inférieurs à ceux de ses précédentes émissions. De même, l’Italie et l’Espagne ont obtenu de bonnes conditions. La bourse n’a pas réagi défavorablement à la rétrogradation qui a frappé neuf pays européens. Bien qu’il faille prendre cette sanction avec le plus grand sérieux, cela témoigne que les critères des agences de notations, bien qu’importants, ne sont que des critères parmi beaucoup d’autres.

 

Ces sanctions visent tout autant le comportement de la zone euro que la situation des pays rétrogradés. Mario Draghi, le Président de la BCE, l’a rappelé : « Nous sommes dans une situation très grave, il ne faut pas se voiler la face. »

A ce propos, on ne dira jamais assez combien nous sommes aveugles par rapport aux possibilités de l’Europe. L’Union Européenne, avec ses 500 millions d’habitants, 7% de la population mondiale, bientôt seulement 5%, est la première puissance économique mondiale, en 2010, son PIB représentait 25,85% du PIB mondial. Cela ne devrait-il pas nous inciter à nous unir davantage et à exiger une meilleure gouvernance d’un aussi bel outil ? Les pays dits « émergents », la Chine, l’Inde, le Brésil et quelques autres dont la Turquie sont en passe de concentrer 100% de la croissance économique mondiale et, dans les 10 ans à venir, 100% de la croissance de la population mondiale.

Comme tous les pays occidentaux, l’Union européenne, plus ou moins gravement selon ses membres, est victime de l’énorme cataclysme financier qui s’est abattu sur le Monde en 2008. Si nous voulons bien nous en souvenir, nous devons à la réactivité et au sang froid de Nicolas Sarkozy, le premier contre feu à cette crise, avec la création du G20. C’était au moment où George Bush, désemparé, avouait aux pays émergents : « Nous, Américains avons besoin de vous. » Au même moment, l’Union Européenne se posait la question d’une nécessaire coordination d’un soutien financier à leurs banques. Angela Merkel s’y refusait obstinément, jusqu’à ce qu’elle apprenne, en pleine réunion, qu’une grande banque allemande venait de faire faillite.

Mais, victime de la crise financière, l’Union Européenne est, surtout, victime de sa paralysie. Ce comportement est sans doute plus grave que la crise elle-même. Souvenons-nous d’E.A.D.S., une lutte des égos, des dissensions syndicales, les Allemands de Hambourg obstinément attachés à leur logiciel tout autant que les Français de Toulouse l’étaient au leur, différents qui ont duré dix ans et menacé l’avenir du plus puissant groupe industriel européen, et celui de l’airbus A 380. L’Europe est à cette image. Il est urgent qu’elle mette en place une politique budgétaire, économique et fiscale commune.

BCE.jpgCertes, quelques bonnes nouvelles nous parviennent, la BCE a racheté de la dette, les dernières émissions obligataires se sont bien déroulées, la Grèce a obtenu de ses créanciers privés une réduction de 70% de sa dette, mais nous nous traînons, alors que la Banque mondiale se montre pessimiste sur la croissance dans les toutes prochaines années. Car, comme le dit Jean Boissonnat : « il ne suffit pas d'avoir raison. Il faut être capable de persuader des populations naturellement absorbées par leurs soucis quotidiens, que des innovations historiques sont les seuls moyens pour surmonter ces soucis, à l'horizon de dix ou quinze ans. Nous avons moins besoin de « AAA » que d'entraîneurs d'hommes, convaincus et convaincants. » Nicolas Sarkozy est de ceux-là.  

René CADIOU, délégué ANANS Quimperlé.

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